Les Ailes du Désir (Der Himmel über Berlin)

 

Un film de Wim Wenders

 

Avec Bruno Ganz, Solveig Dommartin, Otto Sander, Peter Falk, Curt Bois…

 

 

Les Ailes du Désir est pour beaucoup considéré comme le chef d’oeuvre du réalisateur allemande.

 

Et il peut amplement justifié cet honneur, car le film est une réelle réussite.

 

Le film parle de l’histoire de deux anges qui errent dans les rues de Berlin, à l’écoute des âmes en peine, des pensées des gens. Un jour, l’un d’eux rencontre une jeune femme, trapéziste, il en tombe amoureux. Son unique souhait à présent est de redevenir humain et de pouvoir la rencontrer.

 

Il va tout faire pour essayer de se rapprocher de l’humanité qui le fuit depuis si longtemps.

 

Filmé en noir et blanc pour sa majeure partie, avec quelques touches de couleurs, notamment sur la fin du film lorsque l’ange est devenu humain, le film de Wenders est aussi une vision du Berlin d’avant la chute du Mur, celle des désillusions de l’Est, de ces rues et véhicules semblables, de ces gens dont la morosité était évidente, triste.

 

Un Berlin que l’on sent et que l’on voit meurtri par la guerre (les images d’archive sont là pour nous le rappeler), qui dans ce noir et blanc s’éteint doucement.

 

Au milieu toutefois de ce marasme, les anges observent et amènent un réconfort invisible, une douceur et de la couleur petit à petit.

 

Bruno Ganz est le personnage de ce film, l’ange magnifique qui tombe amoureux d’une jeune femme et qui va alors tout faire pour « être » à son tour. Ne plus être une ombre mais être une couleur de la vie. Son interprétation est excellente, touchante, pourtant composée de si peu de dialogues.

 

Solveig Dommartin campe elle la jeune femme dont il tombe amoureux, trapéziste qui se retrouve sans cirque, sans toit, qui aime la musique de Nick Cave & The Bad Seeds de passage, qui a envie de la chaleur d’un homme.

 

C’est un film qui parle aussi du destin, celui de deux êtres qui ne connaissent pas mais qui pourtant se trouvent instinctivement, là où la magie opère naturellement. Mais le début de cet amour, c’est aussi la fin de l’amitié entre les deux anges, car lorsque le premier devient humain, l’autre lui devient invisible. Et son errance continue.

 

Ce qui frappe beaucoup dans ce film, c’est la manière dont Wenders filme les gens, ces visages inexpressifs qui errent dans la vie. Il écoute leurs banales pensées, sans pour autant faire du « voyeurisme », il se fond dans la masse et sa caméra est aérienne. Quelques très beaux plans de Berlin, celui d’avant la chute du Mur, parcourent le film et le voyage des anges.

 

On a plaisir également à voir Peter Falk, étonnant second rôle, le sien ! Celui d’un comédien américano-allemand en tournage à Berlin, où tout le monde reconnaît en lui l’inspecteur Columbo qu’il est à l’écran. Le rôle d’un ange redevenu humain et qui guide ses semblables vers la vie. L’un trouvera le chemin, l’autre restera un ange dans le ciel de Berlin.

 

La photographie du film, très réussie, ainsi que les cadrages précis mais aussi très libres, rendent la vision de l’œuvre très agréable, un voyage aux côtés des anges.

 

 

Les Ailes du Désir est un film à découvrir absolument pour qui s’intéresse à Wenders, à Berlin, et au cinéma !

 

Arnaud Meunier

22/08/2005